Les biais cognitifs et leur impact sur nos vies - Steve Dubois - Blog

Les biais cognitifs et leur impact sur nos vies

Les biais cognitifs sont des erreurs de raisonnement qui affectent notre prise de décision et notre perception du monde. Les êtres humains sont souvent considérés comme rationnels, mais en réalité, nous sommes plus enclins aux biais cognitifs. Dans cet article, j’explore leur impact sur différents aspects de nos vies.

L’ignorant affirme. Le savant doute et le sage réfléchit.

Aristote

La nature humaine et les biais cognitifs1

Les humains se définissent comme Homo sapiens2, l’homme sage, mais nos comportements ne reflètent pas toujours cette sagesse. En effet, nous sommes susceptibles de faire des erreurs de raisonnement et de tomber dans des pièges cognitifs qui faussent notre perception de la réalité. Ces erreurs de pensée, appelées biais cognitifs, sont plus prévalentes dans les sociétés complexes d’aujourd’hui.

Les êtres humains se considèrent fréquemment comme rationnels, mais les biais cognitifs remettent en question cette idée.

En tant qu’Homo sapiens, les êtres humains se considèrent généralement comme l’espèce la plus sage de la planète. Nous sommes capables de raisonner, de résoudre des problèmes complexes et d’innover. Notre prétendue sagesse ne se reflète pas toujours dans nos comportements quotidiens. Nous sommes victimes de biais cognitifs qui faussent notre perception de la réalité et nous incitent à prendre des décisions irrationnelles, établies sur une analyse non objective des faits.

Un biais courant est l’illusion de contrôle, où nous surestimons notre capacité à influencer les événements. Nous nous persuadons que nous avons le contrôle total sur des situations complexes, alors que la réalité est souvent différente.

Un autre biais cognitif commun est l’effet de cadrage. Cet effet se produit lorsque notre perception d’un événement ou d’une situation est influencée par la façon dont elle est présentée. Par exemple, si un problème est présenté comme ayant 90 % de chance d’échec, nous sommes plus susceptibles de le percevoir de manière négative et d’éviter de prendre des risques. En revanche, si le même problème est présenté comme ayant 10 % de chance de succès, nous sommes plus enclins à le percevoir de manière positive et à prendre des risques.

Autre biais cognitif fréquent : l’effet de halo. Il se produit lorsque nous évaluons une personne, un objet ou une idée en fonction de notre première impression. Il entraîne des jugements erronés et une prise de décision irrationnelle.

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Les biais cognitifs sont des erreurs de pensée qui nous font agir de manière irrationnelle.

Les biais cognitifs sont des raccourcis mentaux que notre cerveau prend pour traiter l’information rapidement. Ces raccourcis entraînent des erreurs de jugement et des décisions irrationnelles.

Un biais cognitif courant est le biais de confirmation, où nous accordons plus de poids aux informations qui confirment nos croyances existantes et ignorons ou minimisons les informations contraires. Cela nous conduit à ignorer des faits importants et à prendre des décisions établies à partir d’une vision limitée des choses.

L’effet d’ancrage est un autre biais cognitif qui nous influence lors de la prise de décision. Lorsqu’une première information est présentée, nous avons tendance à la prendre comme référence, même si elle n’est pas pertinente. Cela fausse notre jugement et nous amène à prendre des décisions irrationnelles.

Ces biais sont de plus en plus fréquents dans les sociétés complexes d’aujourd’hui.

Nous sommes exposés à une quantité écrasante d’informations et de stimuli. Cette surcharge d’informations rend notre cerveau plus vulnérable aux biais cognitifs.

La pression sociale et les attentes culturelles influencent nos décisions et nous incitent à agir irrationnellement. Par exemple, l’effet de conformité nous conduit à suivre les normes et les comportements socialement acceptés, même si cela va à l’encontre de notre propre jugement rationnel.

Reconnaître ces biais et faire preuve de vigilance dans nos processus de réflexion et de décision est important.

L’impact des technologies et des réseaux sociaux

La technologie et les réseaux sociaux jouent un rôle capital dans la propagation des biais cognitifs. Les plateformes de médias sociaux favorisent la pensée de type un, rapide et intuitive, mais sujette aux biais. Les algorithmes des réseaux sociaux sont conçus pour nous montrer du contenu semblable à ce que nous avons déjà aimé ou partagé, renforçant ainsi nos biais existants et limitant notre exposition à des perspectives différentes.

Pensée de type 1, rapide et intuitive

Les technologies et les réseaux sociaux privilégient la pensée de type 1, rapide et intuitive. Lorsque nous utilisons nos appareils électroniques et parcourons nos flux de médias sociaux, nous sommes confrontés à de nombreuses informations en peu de temps. Ce qui induit une pensée rapide et superficielle.

Celle-ci est sujette à des biais cognitifs : des erreurs de raisonnement dues à nos processus de pensées automatiques et intuitifs. Ils affectent notre capacité à prendre des décisions rationnelles et objectives.

La propagation rapide des informations sur les réseaux sociaux conduit à la diffusion de fausses informations, alimentant ainsi nos biais cognitifs. Les informations sensationnelles et les théories du complot ont tendance à se propager plus vite que les faits vérifiables, car elles s’appuient sur des biais émotionnels et cognitifs.

Prendre du recul par rapport aux informations que nous recevons et remettre en question nos propres biais cognitifs est donc plus que nécessaire. En développant une pensée critique, en cherchant activement des informations contradictoires et en étant conscients de nos propres préjugés, nous pouvons espérer prendre des décisions plus informées et plus sages.

L’utilisation des biais cognitifs dans le marketing

Les spécialistes du marketing recourent à divers biais cognitifs pour influencer les consommateurs et les inciter à effectuer des achats. Ils les utilisent pour créer des publicités persuasives et influencer nos décisions d’achat. Comme consommateurs, les reconnaître, nous permet de prendre des décisions plus éclairées.

Biais de confirmation

Le biais de confirmation agit pour qu’on ne voie ou du moins filtre que les informations qui confirment nos croyances établies. Les informations contraires à notre point de vue vont renforcer notre croyance que le camp adverse qui pense différemment à tort. Le biais de confirmation est une tendance cognitive à chercher des informations qui confirment nos croyances existantes. Les spécialistes du marketing exploitent ce biais en présentant des témoignages ou des avis positifs de clients satisfaits pour renforcer notre confiance dans un produit ou un service. Ils utilisent également des études ou des données sélectives qui soutiennent leur argumentaire marketing.

Chaque fois que les personnes réfléchissent ou s’informent sur le monde, elles s’orientent en fonction de leur vision de ce dernier. Si leur vision est fausse, alors leurs opinions seront fausses.

Hans Rosling

Biais de réciprocité

Le fait de recevoir cré une dette. Nous devons rendre la pareille. Si nous prenons une telle attitude envers une personne, nous attendons qu’elle prenne la même avec nous.
C’est là que vient le concept de concession réciproque.
Cette dernière veut que si nous faisons une concession, celui en face doit aussi en faire une. Le biais de réciprocité est le sentiment de devoir rendre une faveur à une personne qui nous l’a transmis. Dans le marketing, ce biais est utilisé en proposant des échantillons gratuits, des cadeaux ou des réductions pour inciter les consommateurs à acheter les produits. En nous donnant un objet, les marques créent un sentiment de gratitude et de réciprocité, ce qui nous incite à effectuer un achat, même si nous n’en avions pas initialement l’intention.

Biais d’ancrage

Le biais d’ancrage est un biais cognitif qui fait que nous nous fions trop à une valeur de référence ou à une information initiale lors de la prise de décision. Ce que nous voyons en premier influence notre perception des choses. Notre première information devient notre ancre, notre point de référence. Nous ajustons notre jugement sur cette base. En marketing, ce biais est utilisé en présentant d’abord un prix élevé pour un produit, puis en proposant une réduction qui donne l’impression d’une bonne affaire. En fixant un prix de référence plus élevé, notre perception de la valeur est influencée et ceci nous incite à acheter le produit, même s’il reste relativement cher.

Biais de disponibilité

C’est la tendance à accorder plus d’importance aux informations facilement disponibles ou aux exemples qui nous viennent immédiatement à l’esprit. Les spécialistes du marketing exploitent ce biais grâce à des images, des slogans ou des jingles accrocheurs qui restent dans notre mémoire et nous viennent à l’esprit lorsque nous pensons à un produit ou une marque. Ils rendent leur produit plus accessible mentalement pour augmenter nos chances de l’acheter.

Biais d’ancrage et d’ajustement

Le biais d’ancrage et d’ajustement est un biais cognitif qui fait que nous nous ajustons trop près d’une référence initiale lors de l’évaluation d’une situation. Utilisé en marketing, ce biais propose plusieurs niveaux de gamme de produits ou de services. Est présenté d’abord un produit haut de gamme à un prix élevé, puis un produit de gamme inférieure à un prix relativement moins cher. En ajustant notre perception de la valeur par rapport à l’ancrage initial, nous sommes incités à choisir une option plus chère que nous n’aurions peut-être pas envisagée autrement.

Biais de consensus social

C’est la tendance à prendre des décisions en nous fondant sur le comportement ou les opinions des autres. Ce biais est exploité en marketing grâce à des témoignages de célébrités, des influenceurs ou des personnes ayant une autorité dans un domaine pour nous convaincre de l’efficacité ou de la popularité d’un produit. Si nous voyons que d’autres personnes « comme nous » ont fait un achat, nous sommes plus enclins à faire de même pour suivre la tendance.

Biais de cohérence

La quête de cohérence, souvent louée, nous piège. Elle s’enracine dans notre aspiration profonde à rester fidèles à nos actions et paroles passées. Cette constance nous enferme dans des choix antérieurs, même lorsqu’ils ne servent plus nos intérêts ou valeurs actuels. Cette rigidité inhibe le débat constructif et l’évolution personnelle.

L’engagement pour la cohérence devient problématique lorsqu’il évite la réflexion critique. On se retrouve alors à résoudre des problèmes non par une analyse approfondie, mais par une réaction automatique, évitant ainsi le doute et l’incertitude. Être incohérent est généralement vu comme un signe de faiblesse, tandis que la cohérence est synonyme de fiabilité.

Pour échapper à ce piège de cohérence, l’écoute de nos instincts primaires est essentielle. Avant de rationaliser une décision, nous devons apprendre à écouter nos sentiments initiaux. Si un choix ne résonne pas profondément en nous, il vaut mieux s’en écarter, même si cela semble aller à l’encontre de nos décisions passées. La vraie force réside dans la capacité à rester flexible et à s’adapter, même si cela signifie parfois être perçu comme incohérent.

Biais de négativité dans les médias

C’est un phénomène avec lequel les informations négatives ont tendance à recevoir plus d’attention, à être mieux retenues et à exercer une influence plus forte sur le public que les nouvelles positives. Ce biais s’explique en partie par la psychologie humaine : notre cerveau est câblé pour réagir de manière plus intense aux stimuli négatifs, une réponse évolutive conçue pour notre survie. Dans le contexte médiatique, cela signifie que les histoires alarmantes ou tragiques captent plus facilement notre attention que les récits positifs ou neutres.

Les médias, cherchant à attirer et maintenir l’audience, exploitent souvent ce biais. Ils mettent en avant des événements choquants, des crises, ou des scandales, créant ainsi un climat de peur et de pessimisme. L’impact est significatif sur la perception du monde par le public, conduisant à une vision disproportionnellement négative de la réalité. Ce biais dans la couverture médiatique affecte autant l’humeur que l’attitude des individus. Il influence le discours public et les décisions politiques, en privilégiant les réponses aux crises plutôt qu’aux succès ou aux développements progressifs.

Décisions impulsives et irrationnelles

Impulsives et irrationnelles, elles sont prises en raison de la pensée rapide et intuitive favorisée par les technologies et les réseaux sociaux. Lorsque nous sommes exposés à des publicités ciblées et à des contenus sponsorisés, nos choix d’achat sont influencés sans même que nous en soyons conscients.

Les entreprises utilisent des techniques de persuasion pour créer des besoins artificiels, provoquer un sentiment d’urgence et inciter à l’achat impulsif. Par exemple, les promotions flash, les offres limitées dans le temps et les témoignages sont des stratégies couramment utilisées pour nous influencer.

Savoir faire face aux influences

Comment prendre conscience de ces influences et y faire face ?
Quelques conseils pour éviter de tomber dans les pièges des biais cognitifs :

  • Prenez du recul : offrez-vous le temps de la réflexion avant de prendre une décision d’achat. Ne vous laissez pas emporter par l’impulsion.
  • Faites des recherches : renseignez-vous sur le produit ou le service avant de l’acheter. Lisez les avis, comparez les prix et évaluez si c’est vraiment ce dont vous avez besoin.
  • Évaluez vos besoins réels : demandez-vous si vous avez réellement besoin du produit ou si c’est simplement une envie passagère. Ne cédez pas à la pression de la publicité.
  • Déconnectez-vous : Limitez votre temps passé sur les réseaux sociaux et les sites de vente en ligne où la surconsommation d’informations et de publicités pullulent.

Comme consommateurs, lorsque nous sommes conscients de ces techniques manipulatrices, nous prenons des décisions plus éclairées et fondées sur nos propres besoins et valeurs. Nous apprenons à résister naturellement grâce au temps de réflexion que nous nous sommes alloués.

L’omniprésence des biais cognitifs dans nos vies

Les biais cognitifs sont des processus de pensée automatiques qui nous amènent à prendre des décisions établies à partir des préjugés et des distorsions cognitives. Ces biais semblent inoffensifs alors qu’ils ont un impact significatif sur de nombreux aspects de notre vie.

Relations

Les biais cognitifs nuisent à nos relations en nous incitant à prendre des décisions établies sur nos suppositions et nos préjugés, plutôt que sur des faits réels. Par exemple, le biais de confirmation nous amène à ignorer ou à rejeter les informations qui contredisent nos croyances, ce qui cré des conflits et des malentendus dans nos relations.

Finances

L’effet de dotation survalorise ce que nous possédons déjà et nous empêche de prendre des risques et de saisir de nouvelles opportunités d’investissement. Le biais du statu quo nous incite à rester dans une situation financière insatisfaisante, simplement parce que c’est ce que nous connaissons déjà.

Santé

Le biais d’optimisme nous fait sous-estimer les risques liés à notre santé, nous empêchant de prendre les mesures nécessaires pour rester en bonne santé. Le biais de confirmation nous conduit à ignorer les informations qui contredisent nos convictions sur la santé, nous amenant à prendre des décisions potentiellement dangereuses.

Travail

Le biais de confirmation favorise les idées et les opinions qui confirment nos propres croyances, plutôt que d’écouter les perspectives différentes. Cela cré un environnement de travail peu diversifié et limite notre capacité à innover et à résoudre les problèmes de manière efficace.

Vieillissement

Le biais de négativité surestime les aspects négatifs du vieillissement, influençant notre perception de nous-mêmes et de notre disposition à rester actifs et engagés dans la société. Cette prise de conscience nous aide à adopter une perspective plus réaliste et positive sur le vieillissement.

Parentalité

Comme parents, ces biais cognitifs influencent nos décisions concernant l’éducation et le bien-être de nos enfants. Par exemple, le biais de favoritisme nous fait privilégier un enfant par rapport à un autre, créant des tensions et des injustices dans la famille. Le biais de projection attribue à nos enfants nos propres croyances et attentes, limitant leur individualité et leur autonomie.

Récapitulons…

La rationalité est considérée comme la caractéristique principale de l’homme, mais en réalité, l’homme est plus enclin aux biais cognitifs. Les humains se désignent eux-mêmes comme Homo sapiens, c’est-à-dire l’homme sage, mais ils se comportent souvent comme des petits malins.

Les biais cognitifs existent depuis longtemps, pourtant ils sont devenus plus importants à mesure que la société est devenue plus complexe. La technologie et les médias sociaux ont contribué à la prédominance de la pensée de type 1, rapide et intuitive.

Ils infiltrent chaque aspect de notre existence, agissant comme le pilote automatique de notre cerveau. Dans le domaine du marketing, divers préjugés sont utilisés pour manipuler les personnes et les inciter à faire des achats. Les biais cognitifs affectent tous les aspects de la vie, y compris les relations, les finances, la santé, le travail, le vieillissement et l’éducation des enfants. Ils sont omniprésents parce qu’il s’agit de la configuration par défaut de l’esprit humain.

L’évolution exige de reconnaître ce fait pour penser et avancer avec sagesse.
En cultivant une prise de conscience de nos préjugés et en questionnant nos pensées, nous ouvrons la voie à une réflexion plus nuancée et objective.

Et, vous, comment percevez-vous l’influence des biais cognitifs dans votre vie quotidienne ?

  1. Qui se rapportent à la faculté de connaître. (Dictionnaire de français Larousse) ↩︎
  2. Adjectif latin signifiant « intelligent, sage, raisonnable, prudent ». (Wikipédia) ↩︎
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